Bulletin EMB avril 2014
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Chers éleveurs, chers intéressés,
je souhaiterais ici porter, une fois n’est pas coutume, mon regard au-delà du périmètre de la politique laitière européenne et placer l’engagement politique de l’EMB dans un contexte plus vaste. A la fin de l’année dernière, j’ai entrepris, à l’invitation de quelques ONGs, un voyage au Burkina Faso, où j’ai eu l’opportunité d’en apprendre davantage sur les conditions de vie des producteurs de lait dans ce fascinant mais malheureusement très pauvre pays d’Afrique de l‘Ouest. J’en ai retenu la conviction qu’en dépit des différences de niveau de vie en Afrique de l’Ouest et en Europe, les difficultés des producteurs de lait sont tout à fait similaires : Sur les deux continents, les producteurs perçoivent une rémunération qui n’est pas à la hauteur de leur travail.
Korotoumou Gariko, une productrice de lait extrêmement intelligente et engagée politiquement, m’a décrit de façon concrète cette situation précaire. J’ai rencontré pour la première fois Korotoumou au Burkina Faso et ai eu la possibilité de l’accueillir, le mois dernier, dans mon exploitation en Belgique dans le cadre de ce programme d’échange. Selon elle, ce sont surtout les importations à bas prix de lait en poudre en provenance des pays occidentaux industrialisés qui sont à blâmer de la situation dans son pays d’origine, où les petites exploitations agricoles de cinquante-cinq bêtes comme la sienne se retrouvent en mauvaise posture et les structures villageoises locales disparaissent. Cela démontre clairement que l’idéologie de la croissance prônée par l’industrie laitière européenne néglige, non seulement, les besoins des exploitations agricoles en Europe mais a aussi des répercussions graves sur d’autres continents. Voilà le revers de la médaille du commerce mondialement libéralisé des produits laitiers qui nous est présenté, par certains de nos élus et les représentants de l’industrie laitière, encore et encore comme le concept salvateur, le concept d’avenir.
J’en ai profité pour interroger Korotoumou sur ce qu’elle pensait, compte tenu de la famine qui sévit en Afrique, de la grande grève du lait de 2009 en Europe lors de laquelle du lait avait été déversé dans les champs. Elle s’est contentée de me dire qu’elle agissait toujours de cette façon lorsqu’elle ne pouvait pas vendre son lait en raison des prix trop bas. Impossible de ne pas se prendre la tête en pensant combien la situation frise le délire lorsque même les agriculteurs en Afrique, où le lait est encore plus précieux qu’en Europe en raison d’une production laitière bien inférieure, en sont réduits à recourir à des moyens aussi désespérés. Et lorsque des agriculteurs et des personnes vivant dans des contextes culturels aussi différents que l’Afrique et l’Europe tirent les mêmes conclusions, à savoir que la situation n’est pas tenable, il faut vraiment que quelque chose de fondamental soit détraqué.
Dans le cadre du travail politique de l’EMB, ces éclairages devraient, plus que jamais, nous motiver car ils nous rappellent que nous ne sommes pas seuls avec nos revendications en Europe et que nous pouvons devenir les portes-paroles des revendications des producteurs de lait d’autres continents. Aujourd’hui, un rapport publié au mois de mars par le rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter, appuie nos revendications. Ce texte souligne qu’il importera pour les pays riches de se distancer d’une politique agricole tournée vers l’exportation et d‘ouvrir un espace pour l’agriculture locale et paysanne dans les pays en voie de développement. Un article dans la présente édition du bulletin d’information de l’EMB résume les points saillants de ce rapport.
Erwin Schöpges (membre du conseil exécutif de l’EMB)
Carnet de voyage : A la découverte de l’Europe ! Des éleveurs laitiers allemands rendent visite à leurs collègues italiens et suisses
Stefan Lehmann, membre du comité directeur de la fédération allemande affiliée à l’EMB, le BDM, ne put contenir sa joie lorsqu’il s’aperçut qu’au total, 102 producteurs et productrices de lait s’étaient inscrits afin de participer au voyage dans le nord de l’Italie organisé par le BDM pour ses membres. Au pied levé, Stefan se fit un plaisir de réserver un deuxième bus et des chambres dans un hôtel supplémentaire. Le vendredi 7 mars, à 1h30 du matin, les participants de la cellule d’Allemagne méridionale, quittèrent Hamersbach en direction de la Suisse.
Rapport des Nations Unies : La nécessité de repenser radicalement et démocratiquement les systèmes alimentaires mondiaux
Le communiqué de presse suivant a été publié le 10 mars 2014 à l’occasion de la publication du rapport final du Rapporteur spécial des NU sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter.
GENÈVE – Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, a lancé un appel aujourd’hui à un remaniement radical et démocratique des systèmes alimentaires mondiaux pour assurer le droit de l’homme à une alimentation suffisante et à l’éradication de la faim. « L’éradication de la faim et de la malnutrition est un objectif réalisable. Il ne suffira cependant pas d’affiner la logique de nos systèmes alimentaires, elle doit au contraire être complètement être inversée, » a insisté M. De Schutter au cours de la présentation de son rapport final au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.
Dernières évolutions du marché du lait en Irlande
Les producteurs de produits laitiers en Irlande ont, ce printemp, les yeux rivés sur les prix et les quotas laitiers. Actuellement, le prix payé aux producteurs par les transformateurs du lait fluctue de 38 à 39 cents le litre. Les estimations de livraisons de lait soumises par les acheteurs pour la période qui s’étend jusqu’à la fin du mois de février 2014 révèlent un dépassement de 1,26% des quotas lorsque la teneur en matière grasse des livraisons de lait est prise en compte.
De nouveaux chiffres révèlent une sous-couverture des coûts dans la production laitière
Le communiqué de presse suivant était publié lors de la mise à jour trimestrielle de l`étude sur le coût de production laitière en Allemagne le 3 mars 2014 :
(Bruxelles, le 3 mars 2014) Comme le montrent les résultats actuels de l'étude sur le coût de la production laitière en Allemagne, réalisée par le bureau allemand d'agriculture et de sociologie agricole BAL, le prix du lait moyen payé aux producteurs en octobre 2013 demeurait, avec 41,92 centimes/kilo, plus de 2 centimes en deçà du coût de production. Pour la même période, ce dernier s'élevait à 44,12 centimes/kilo.
Le lait équitable récompensé en Belgique
Cette année, le lait chocolaté Fairebel issu de la gamme de produits du lait équitable en Belgique a remporté le convoité prix Golden Archer dans la catégorie « produit équitable ».La récompense est décernée annuellement par le Comité royal belge de la Distribution au travers de sa revue spécialisée « Distribution d’aujourd’hui ».Les agriculteurs de la coopérative Faircoop qui distribue le lait équitable sous la marque Fairebel en Belgique peuvent se targuer d’avoir ainsi remporté un succès d’envergure médiatique qui encourage la poursuite du développement du projet. La remise des prix s’est tenue à Bruxelles, le 21 mars 2014.
Libéralisation du commerce du fromage – histoire d’un véritable succès?
« Balance commerciale positive pour le fromage suisse », telle est l’affirmation proférée dans le dernier communiqué de presse de Switzerland Cheese Marketing (SCM) à propos des chiffres de l’année dernière. Il est vrai que les exportations de fromage suisse ont, en 2013, progressé de 1,8 %.
Cependant, il y a un revers à cette médaille : Les importations fromagères ont gagné 2,5 % en 2013 et depuis le début de la libéralisation du commerce du fromage avec l’UE en juillet 2007, ce ne sont pas seulement les exportations de fromage suisse qui ont progressé mais aussi les importations et ce de façon continue.
Calendrier EMB
Ci-dessous vous trouverez un aperçu des principales réunions du Comité directeur de l'EMB au mois d'avril 2014 :
2 avril : Conseil exécutif à Bruxelles
15 – 16 avril : Assemblée générale à Bruxelles
16 avril : Rencontre à Bruxelles avec la Commission européenne au sujet de l’agence européenne de surveillance du marché du lait.
Textes Complèts
Carnet de voyage : A la découverte de l’Europe ! Des éleveurs laitiers allemands rendent visite à leurs collègues italiens et suisses
Stefan Lehmann, membre du comité directeur de la fédération allemande affiliée à l’EMB, le BDM, ne put contenir sa joie lorsqu’il s’aperçut qu’au total, 102 producteurs et productrices de lait s’étaient inscrits afin de participer au voyage dans le nord de l’Italie organisé par le BDM pour ses membres. Au pied levé, Stefan se fit un plaisir de réserver un deuxième bus et des chambres dans un hôtel supplémentaire. Le vendredi 7 mars, à 1h30 du matin, les participants de la cellule d’Allemagne méridionale, quittèrent Hamersbach en direction de la Suisse.
Une fois franchi le tunnel du Gotthard, le jour se leva et un soleil resplendissant se mit à briller sur les sommets enneigés des Alpes. Aux environs de 10h, nos voyageurs atteignirent déjà leur première étape : la ferme de la famille Costa à Offlaga, une municipalité située à environ 40 km au sud du lac de Garde, dans la province de Brescia en Lombardie. La famille Costa exploite une ferme « en carré » qui abrite 160 vaches laitières, 250 truies d’élevage et 26 000 volailles et dont l’histoire remonte au 15e siècle. Aux dires de la famille Costa, les bénéfices dépendent cependant actuellement exclusivement des volailles.
Après avoir visité l’exploitation et cassé la croûte, les participants prirent leurs quartiers à l’hôtel situé à Desenzano del Garda, qui, avec ses 27 000 habitants, est la plus grande ville sur la rive du lac de Garde. Clés en poche, les participants se rendirent ensuite à Fenilazzo pour voir l’exploitation de Roberto Cavaliere, membre du conseil exécutif de l’EMB. En compagnie de ses deux frères, Roberto exploite une ferme comptant environ 120 vaches laitières, sa propre fromagerie et son propre vignoble. En outre, Roberto fabrique à la ferme une glace artisanale disponible dans plus de 100 parfums. Les participants profitèrent de la grande hospitalité de Roberto : La visite mémorable de la ferme fut suivie d’une invitation à déguster des pizzas italiennes traditionnelles. Les éleveurs laitiers allemands eurent le choix entre 14 garnitures différentes. C’est dans la convivialité et tard dans la nuit que se termina cette première journée bien remplie.
Le samedi, la fine équipe poursuivit résolument son périple vers Venise, où elle explora la célébrissime cité historique lors d’une visite guidée approfondie. Sous un soleil radieux, la ville dévoila ses plus beaux recoins aux alentours de la fameuse place Saint-Marc. Le soir, les éleveurs laitiers allemands furent, une nouvelle fois, invités chez Roberto Cavaliere. Au son d’un orchestre italien, le groupe passa, à nouveau, de beaux moments de convivialité à partager de délicieuses grillades.
Le temps fut venu le dimanche de prendre congé de cette splendide région en bordure du lac de Garde, où les fleurs de printemps avaient déjà éclos. La fine équipe fit ensuite étape en Suisse. Le long du lac des Quatre-Cantons et près de Lucerne, plus précisément sur la commune de Fislisbach dans le district de Baden du canton d’Argovie, se trouve, en effet, la ferme de Toni Peterhans.
Ce que les éleveurs et éleveuses purent y découvrir n’est pas près de s’effacer de leur mémoire. Avec une incroyable moyenne au niveau de l’étable de 12 600 kg de lait pour 40 vaches, Toni Peterhans affiche, au travers de son activité professionnelle à plein temps d’éleveur bovin, non seulement le volume de lait le plus élevé mais bat simultanément le record helvétique de la plus grande longévité pour un élevage. Les collègues allemands remarquèrent que toutes les vaches étaient confinées, ce qui demeure aussi une pratique courante chez de nombreux agriculteurs de la Forêt Noire. En outre, les visiteurs furent impressionnés par la propreté des bêtes, de l’étable et de toute l’exploitation qui compte aussi une grande flotte de véhicules bien utile à Toni Peterhans qui est également, sur le côté, entrepreneur de travaux agricoles.
A l’issue de ces trois superbes journées, Stefan Lehmann, le « chef » de l’équipe du district, remercia tous les participants du vif intérêt manifesté et de la belle discipline montrée par tous. Ces deux attitudes sont, en effet, essentielles au sein d’un grand groupe de voyageurs. Il adressa des remerciements particuliers à Markus Hafner, un collège et néanmoins ami du Tyrol du Sud, pour l’excellence de son organisation locale et ses talents de traducteur qui contribuèrent aussi au succès de ces trois journées.
A l’unanimité, les participants soulignèrent combien il était important d’avoir des échanges communs et des rencontres avec d’autres producteurs et productrices allemands et européens. Les similitudes entre toutes les situations en Europe sautent vite aux yeux. Et en même temps, il en ressort le sentiment de ne pas être seuls à tendre vers l’objectif commun d’un marché du lait pérenne, non seulement pour le bien des familles d’éleveurs laitiers mais aussi pour le bien de toute la population.
Sans même en connaître la destination, de nombreux participants se sont déjà inscrits pour le voyage prévu l’an prochain.
Equipe locale du BDM, Ortenau (Allemagne)