Les produits laitiers à haute valeur ajoutée ont la réputation d’offrir aux éleveurs laitiers un avantage économique déterminant sur le marché du lait. Dans le souci d’analyser plus en profondeur cette question, le DDB (Dutch Dairymen Board), qui est l’une des deux fédérations membres de l’EMB aux Pays-Bas, organisa une série de quatre conférences. Des représentants des coopératives laitières, des élus politiques et des chercheurs furent invités en qualité d’experts.

« Même si les produits à haute valeur ajoutée s’accompagnent de coûts proportionnellement élevés et que les producteurs de lait ne peuvent, dès lors, espérer aucune majoration nette du prix du lait, cette activité demeure, malgré tout, la meilleure façon de procéder, » soulignèrent les présidents des coopératives laitières lors des conférences du DDB. De la même manière, ils s’accordèrent sur les effets néfastes de la surproduction sur le marché du lait : les livraisons de lait excèdent la demande. Ainsi, le lait de haute qualité payé à un prix élevé est bradé. Les excédents laitiers sont utilisés à la fabrication de produits de moindre valeur et baissent les prix versés aux producteurs laitiers.

Certains transformateurs laitiers estiment, par conséquent, qu’un système de double prix (A & B) est justifié. Une telle opinion est peut-être compréhensible si on adopte le point de vue des représentants des laiteries qui demeurent, par principe, opposés à une politique raisonnable de régulation des volumes et se plaisent à assurer que la production excédentaire sera écoulée. Pour le DDB, cette manière de procéder est cependant erronée. Les propositions avancées par l’EMB et le DDB en vue de la création d’une agence de surveilance du marché du lait permettraient d’ajuster les volumes de lait produits à la demande et de neutraliser la pression tarifaire exercée sur le marché du lait. Telle serait l’option la plus efficace !

La stratégie de la « valeur ajoutée » poursuivie par FrieslandCampina a entre-temps permis d’obtenir un prix du lait de quelques centimes supérieur au prix moyen du lait aux Pays-Bas. Plusieurs orateurs lors des conférences du DDB saluèrent cette hausse et affirmèrent qu’une telle évolution se poursuivrait à l’avenir.

Tout cela est certainement vrai ; cependant, un prix moyen plus élevé ne signifie pas que ce prix soit rémunérateur pour les éleveurs laitiers. En effet, le prix actuel n’est aucunement aligné sur les coûts de production qui, au cours des deux dernières années, ont augmenté si rapidement que le fossé entre le prix du lait et les coûts de production n’a fait que se creuser.

Les produits à haute valeur ajoutée sont importants, mais ne constituent pas, à eux-seuls, une solution-miracle qui offrirait des perspectives aux jeunes agriculteurs et garantirait la survie économique de notre secteur. Notre société porte-t-elle un quelconque intérêt à une production agro-alimentaire d’origine européenne ? Cette question s’adresse, en priorité, aux décideurs politiques. Ils doivent oeuvrer à améliorer la législation relative à la concurrence, à promouvoir un commerce équitable et à développer une politique agricole intelligente qui redonne aux agriculteurs du cœur à l’ouvrage.

Les laiteries coopératives peuvent aussi apporter, en l’occurrence, une contribution positive – elles exercent, en effet, suffisamment d’influence politique. De cette façon, tous les acteurs engrangeraient une véritable valeur ajoutée, une valeur qui ferait alors vraiment la différence.

Sieta van Keimpema (Membre du comité directeur de l’EMB et présidente du DDB)