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Bulletin novembre

Chers éleveurs, chers lecteurs,

Si nous passons en revue ce qui s’est passé ces derniers mois et dernières semaines en Europe chez les producteurs laitiers, ce sont d’innombrables images qui défilent à nos yeux. Des images de personnes qui manifestent en grand nombre, brandissant des banderoles devant les bâtiments politiques, dans les rues et sur des places, partout en Europe. Inutile de se trouver à Paris, Berlin, Rome, Amsterdam, Bruxelles, Berne, Luxembourg ville ou Vienne pour voir un mouvement important en train de faire son chemin en Europe. Toute l’Europe est devenue le théâtre de protestations. Dans les quatre-vingt mille producteurs laitiers des régions les plus variées de France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Suisse, Luxembourg, Autriche ainsi qu’Espagne protestent avec véhémence depuis le 10 septembre contre une politique européenne qui met leur survie économique en jeu. Grève du lait ou participation à des manifestations, à des convois de tracteurs, à des blocages d’autoroute et de laiteries ou à des feux de protestation : ils se battent dans leur région et souvent même à des centaines de kilomètres de là pour revendiquer des conditions cadres qui puissent enfin leur permettre de vendre leur lait à un prix rémunérateur. Chacun d’entre eux le fait ensemble avec des dizaines de milliers de collègues européens de l’European Milk Board.

Par ces protestations, plus de 500 millions de litres de lait n’ont pas été livrés aux laiteries dans huit pays. L’assainissement du marché, que les producteurs laitiers ont ainsi réalisé, a influencé les marchés au comptant ainsi que les premiers marchés des produits. Ici, les prix ont déjà augmenté. La classe politique aussi a été obligée de réagir aux actions des producteurs. Dans les différents pays, les ministres et chefs de gouvernement ont promis leur aide aux producteurs laitiers et organisé des rencontres extraordinaires à l’échelle nationale et européenne pour débattre de la situation catastrophique des producteurs laitiers. Il a été créé un groupe d’experts de haut rang au sein duquel la Commission européenne et les États membres sont chargés d’identifier des mesures permettant de débloquer la situation et lors de la réunion du Conseil européen de l’agriculture qui s’est tenue le 19 octobre à Luxembourg, la majorité des ministres de l’agriculture ont reconnu l‘existence d’un problème d’excédents sur le marché laitier. La Cour des comptes européenne a par ailleurs montré dans un rapport les déficits de la stratégie suivie jusqu’ici par la Commission européenne, renforçant ainsi la position de l’EMB.

Il faudra maintenant voir, entre autres lors de la réunion du Conseil européen de l’agriculture qui se tiendra les 19 et 20 novembre, si la classe politique a vraiment « compris » de quoi il s’agit. D’un côté, une régulation souple des quotas qui représente une mesure efficace. De l’autre côté, par contre, une politique faite de subventions, de mesures interventionalistes et de dumping à l’exportation qui ne saurait résoudre les problèmes mais en plus les aggrave. Les fruits d’une telle politique sont déjà connus et se traduisent de manière imagée par les montagnes de beurre et les océans de lait de l’UE.

La catastrophique situation du marché laitier doit être combattue par des mesures efficaces. C’est pourquoi les producteurs laitiers manifestent dans toute l’Europe pour que l’offre soit adaptée à la demande : pour une régulation souple des quotas. Si la politique européenne se décide contre une telle mesure en servant des intérêts autres que ceux des éleveurs, ce sera la mauvaise décision qui aura été prise. Mais alors, le combat ne s’arrêtera pas là. Les fortes protestations continueront sans relâche. Les producteurs laitiers européens élargiront leurs actions et instaureront concrètement le changement de système qui s’impose.

Dans ce bulletin, nous voudrions vous montrer la force que manifestent les exploitantes et exploitants laitiers en Europe ainsi que rendre hommage à l’infatigable engagement dont ils font preuve. Lisez les articles d’éleveurs de France, Allemagne, Belgique, Italie, Autriche, Suisse, Irlande et Grande-Bretagne pour voir quelques exemples d’actions de protestation et informez-vous de la situation actuelle qui règne dans les différents pays.

La politique menée jusqu’ici par l’UE est d’une part inadéquate pour résoudre la crise du marché laitier européen. D’autre part, elle est néfaste pour les producteurs laitiers hors d’Europe comme le montre une interview du vice-président de la fédération laitière d’Afrique du Sud et de l’Est (ESADA), Koos Pienaar. Lors de la visite qu’il a faite en septembre à Bruxelles, il a constaté toutefois en dialoguant avec des producteurs laitiers européens combien la situation est elle-même difficile pour les collègues d’Europe. Son résumé : seul à se battre, on a peu de chances de réussir. Les producteurs laitiers devraient se regrouper à l’échelle internationale pour agir ensemble.

Agir ensemble à l’échelle européenne : les expériences ne manquent pas comme vous pourrez vous en convaincre dans les pages de ce bulletin.

Je vous souhaite une intéressante lecture.

 

Bien cordialement

Silvia Däberitz

European Milk Board

 

France

Le 10 septembre, à Paris, l’OPL (Organisation des producteurs de lait) et l’APLI (Association des producteurs de lait indépendants) ont annoncé la suspension des livraisons de lait aux laiteries. C’est ainsi que démarrait la grande vague de protestation à laquelle les jours suivants et semaines suivantes se sont ralliés des producteurs laitiers de toute l’Europe et qui a fini par obliger la classe politique européenne à réagir. Voici quelques exemples d’actions qui ont été réalisées en France pendant le mois d’octobre :

Forte mobilisation unitaire le vendredi 2 octobre à Mésanger, en Loire Atlantique, où on s’est joint à l’APLI et à la Conf’ pour dessiner une étoile composée de plus de 1000 tracteurs et symboliser ainsi la mobilisation intacte des producteurs de lait et leur attente d’une décision claire de l’Europe en faveur de la régulation.

Lundi 5 octobre, en parallèle de l’action de Bruxelles, les producteurs de l’OPL étaient également mobilisés un peu partout en France pour ne pas relâcher la pression : les départements différents ont organisé pique-niques et cortèges jusqu’aux préfectures, en plus quelques départements ont pris part à l’écriture d’un message par des tracteurs ou ils se sont mobilisés devant plusieurs laiteries. À Caen les tracteurs étaient de sortie pour une opération escargot et la réalisation d’une étoile.

Lundi 19 octobre, l’EMB manifestait à Luxembourg au Conseil des ministres. Une cinquantaine de tracteurs s’est jointe au cortège. La quasi-totalité des départements des Pays de la Loire se sont rendus ce même jour à Paris pour participer à une manifestation unitaire qui a réuni un millier de personnes, avec lâcher de ballons devant la Tour Eiffel. Le même type d’action commune, avec cortège et lâcher de ballons, était également organisé à Rennes et à Épinal.

Anne-Lise Montay, Coordination Rurale Haute Normandie

 

Allemagne

Des producteurs laitiers actifs – Les producteurs laitiers allemands ont engagé d’innombrables actions de protestation pour s’adresser les semaines dernières à la classe politique et défendre leurs revendications en faveur d’un prix du lait équitable. Dans tout le pays, il est actuellement organisé dans les centres-ville les marches silencieuses dites du lundi qui sont très suivies. Elles s’accompagnent de messes et de cultes et sont l’occasion de prendre contact avec d'autres groupes de défense d’intérêt ainsi que les consommateurs. En Allemagne du Sud, des producteurs laitiers se sont rendus en tracteur à différents dépôts de la distribution alimentaire afin de sensibiliser la population à la situation précaire. Il s’en est suivi des retards de livraison chez les discounters.

Marché laitier – La baisse de l’offre provoquée par la grève du lait européenne a eu de fortes répercussions sur le marché laitier allemand. Ces dernières trois semaines, les prix du lait non lié par contrat à long terme (lait du jour) ont oscillé de 27 à 30 centimes le kg, se stabilisant parfois à 30 centimes le kg (lait de 3,7 % M.G. et 3,4 % protéines). Les prix pour le beurre allemand de qualité pasteurisé A sont eux passés de 2,40 euros le kg à 3,20 euros le kg. Cette évolution positive n’a toujours pas été répercutée aux producteurs laitiers, les prix payés aux producteurs en particulier par les grandes laiteries restant toujours à un niveau très bas (p. ex. prix de base à 20 centimes chez Hochwald ).

Formation du gouvernement fédéral – Dans les négociations de la coalition tenues par les partis politiques allemands CDU, FDP et CSU, le thème du lait est le sujet de discorde. Tandis que la CDU et la FDP misent en grande partie sur un abandon de la régulation laitière, la CSU demande l’instauration de cadres qui permettraient d’adapter l’offre à la demande du marché. Elle préconise la mise en réserve des quotas additionnels et demande pour la prochaine campagne un nouveau débat sur le thème du rééquilibrage.

Maintenant que les négociations de la coalition touchent à leurs fins, il serait question d’apporter aux éleveurs une nouvelle aide qui s’élèverait en 2010 à 800 millions d’euros. Pour les trois prochaines années, il serait accordé des aides financières additionnelles d’environ 2 milliards d’euros. À première vue, ce chiffre inclurait les subventions déjà concédées jusqu’ici. Il nous est donc ici jeté de la poudre aux yeux. Pour le moment, il n’a pas été possible de savoir dans quelle mesure les conceptions de la CSU se retrouveront dans l’accord de coalition gouvernementale signé par les trois partis.

Hans Foldenauer, BDM

 

Belgique

La Belgique connaît une participation très poussée des producteurs laitiers aux protestations européennes. L’action du 16 septembre où trois millions de litres de lait ont été déversés dans un champ à Ciney a soudain fait prendre conscience en Europe de l’urgence du problème laitier.

Actuellement, la satisfaction règne chez les producteurs belges. Ils ont de l’espoir aux vues de ce qui a été obtenu jusqu’ici, aux vues des actions et résolutions qui ont été engagées à la réunion du Conseil des ministres de l'agriculture de Bruxelles et de Luxembourg, saluant notamment la décision prise le 19 octobre à Luxembourg de supprimer des volumes du quota national. Ils voient que les choses bougent peu à peu. Le gel des quotas nationaux semble en Belgique tout à fait réalisable. Les éleveurs espèrent toutefois que les autres États européens retireront également des quotas du marché car une réduction des quotas qui se ferait uniquement en Belgique n’aurait aucun sens.

Nous attendons que tout soit fait dans les différents pays pour que les décisions qui viennent d'être prises soient aussi mises à exécution et nous apportent le succès escompté. Si nécessaire, nous sommes prêts à tout moment à lancer de nouvelles actions.

Erwin Schöpges de la fédération MIG

 

Italie

Nous étions présents à Paris au lancement de la grève du lait française et avons officiellement déclaré le 15.9.09 notre solidarité avec les producteurs laitiers français. C’est ainsi qu’a commencé la destruction de 50 % du lait produit en Italie. Nous avons invité les consommateurs dans nos exploitations et leur avons donné gratuitement du lait, profitant de l’occasion pour les informer des événements.

Lorsque plus de 200 000 litres de lait ont été déversés à proximité de la grande fromagerie privée Ambrosi, il se trouvait sur place cinq équipes de tournage qui ont filmé l’action et l’ont diffusée aux informations télévisées du soir.

 À partir du 21 septembre, nos membres se sont mis à jeter tout leur lait. Jusqu’au 26 septembre 2009, de nombreuses actions ont eu lieu dans toute l’Italie, dont les blocages au Brenner, Frejus et Tarvisio. Du lait a été gratuitement distribué dans les villes et un lac de lait a été monté devant le palais « Chigi ». Des entretiens avec la classe politique ont également eu lieu. Berlusconi et le Ministre de l’agriculture Zaia se sont réunis avec nous pour débattre de la situation du marché laitier. Le soir du 26 septembre, nous avons officiellement mis fin à la grève du lait italienne ; les actions se sont toutefois poursuivies comme lorsque nous avons déversé 3 millions de litres de lait dans les champs près de Soncino devant une forte présence des médias. En Italie, au début des actions laitières et de la grève européenne du lait, le prix du litre de lait de 3,7 % de matières grasses et 3,25 % de protéines était de 28 centimes. Il est actuellement de 33 centimes.

Sara Abelini, APL della Pianura Padana

 

Autriche

Un grand nombre de producteurs laitiers autrichiens ont participé à la grève du lait et l’Autriche a connu de nombreuses et fortes actions de protestation. Les éleveurs se sont par ailleurs rendus en bus aux événements importants qui se déroulaient hors des frontières autrichiennes pour se battre activement auprès de leurs collègues européens. Aussi ont-ils participé à la grande protestation du 5 octobre à Bruxelles et ont également montré, lors de la réunion extraordinaire du Conseil européen des ministres de l’agriculture qui se tenait à Vienne le 12 octobre, que les fédérations IG-Milch et EMB n’étaient pas prêtes à lâcher prise tant qu’une solution durable ne serait pas trouvée au problème du marché laitier. Des centaines de producteurs se faisaient remarquer à grand bruit pour ainsi apporter leur soutien aux ministres de l’agriculture qui devaient affronter l’obstination de la Commissaire Fischer Boel et de la Commission européenne.

Pour à l’avenir mieux exploiter les marges de manœuvre nationales en politique laitière (rééquilibrage….), la pression sur la classe politique nationale continue à s’exercer. Des feux de protestation sont allumés et de nombreux entretiens politiques sont organisés.

Les éleveurs autrichiens ont également participé aux manifestations qui ont eu lieu le 19 octobre à Luxembourg. Grâce à la formidable coopération avec les collègues de toute l’Europe et à leur engagement infatigable, les événements de Luxembourg ont fait l’objet de nombreux articles et reportages à la radio, à la télévision et dans la presse écrite. L’essentiel du message que passaient les médias: « Victoire d’étape pour les éleveurs ».

Walter Stadlober, IG-Milch

 

Suisse

Les dernières semaines de révolte paysanne en Suisse et en Europe ont rencontré un large soutien de la population. La grande majorité des consommateurs ont démontré qu’ils étaient prêts à payer un peu plus pour leur litre de lait s’ils ont l’assurance que la différence rémunère le producteur.


Aujourd’hui, les producteurs de lait en Suisse reçoivent un prix de 55 cts/litre, un prix qui couvre les coûts de production est entre 98 cts et 1.17/litre. En une année, le prix du lait a chuté de plus de 20% chez le producteur. La surproduction qui existe actuellement est due aux industries laitières qui ont poussé à la production sans assurer l’écoulement des produits, à une mauvaise gestion et un suivi laxiste de la part de l’Office fédéral de l’agriculture lors de la fin du contingentement laitier ainsi qu’à quelques producteurs fortement liés à l’industrie, tentés par la folie de la production. Ces derniers ont préféré produire à tout prix sans en calculer les conséquences.

Cette situation mène à une hécatombe du nombre d’exploitations et à une très mauvaise répartition de la production laitière sur le territoire. Les subventions à l’exportation, ne résolvent en rien le grave problème structurel des producteurs suisses car c’est une solution « pompier » de facilité et ponctuelle. Elle ne profite qu’à l’industrie laitière qui fabrique de la poudre de lait et extrait de la matière grasse.

« Les propositions de l’Interprofession du lait ne résolvent en rien les problèmes de surproduction, » a renchéri Isolda Agazzi, d’Alliance Sud. Elle exige que les surplus soient exportés vers des marchés extérieurs à l’Union européenne. Même si la différence entre le prix suisse et le prix international est couverte par des fonds privés, cela conduirait à des exportations à des prix de dumping. De surcroît, notre crainte demeure que, tôt ou tard, le Conseil fédéral ne décide de réintroduire quand même des subventions à l’exportation, comme il l'a déjà fait en juin 2009 (14 millions de francs) suivant en cela le mauvais exemple de l'Union européenne et des Etats-Unis. Les subventions à l’exportation des produits agricoles sont l’instrument commercial le plus néfaste pour les agricultures des pays du Sud ».

« Il faut remettre la famille paysanne et les emplois au coeur du débat » a déclaré Werner Locher de BIG-M. Si nous voulons maintenir des emplois et une agriculture de proximité en Suisse, les paysans doivent pouvoir être rémunérés avec des prix équitables qui couvrent leurs coûts. Nos organisations en Suisse comme nos collègues européens réunis au sein de l’European Milk Board en sont convaincus. »

PE BIG-M, Uniterre

 

Irlande

L’ICMSA a participé à une campagne en cours pour attirer l’attention sur l’énorme pression qui pèse actuellement sur les éleveurs. Vendredi 4 septembre 2009, 300 producteurs ont manifesté devant les bâtiments du gouvernement où ils ont fait traite des vaches. Il y a eu également un entretien avec le Premier Ministre et le Ministre de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation dans le but d'entraîner un changement de cap dans la politique laitière du gouvernement. Nos membres continuent à réaliser leur travail de lobbyistes dans tout le pays en abordant les députés et membres du Parlement européen pour inciter à un changement de politique. Aux vues des améliorations que connaît récemment le marché, certaines coopératives ont augmenté le prix payé aux producteurs mais non pas toutes. C’est pourquoi l’ICMSA fait pression sur les coopératives qui n’ont pas encore augmenté les prix aux producteurs. A cet effet, a eu lieu jeudi 15 octobre 2009 une manifestation devant le siège principal de Glanbia, le transformateur le plus important d’Irlande.

John Enright, Irish Milk and Cream Suppliers Association (ICMSA)

 

Grande-Bretagne

Les membres de l’organisation Farmers for Action (FFA) et de la fédération écossaise affichent leur soutien aux collègues de l’EMB.


Quatre producteurs laitiers d’Écosse, Angleterre et Irlande du Nord ont déversé leur lait sur leurs champs en guise de solidarité avec leurs collègues continentaux. La grève du lait sur le continent a ainsi mieux retenu l’attention des médias du Royaume-Uni , faisant l'objet d'articles et de reportages sur le site Internet de la chaîne télévisée BBC, à la radio et dans la presse écrite. Les débats ont souligné la nécessité d’une régulation de l'offre (des quotas laitiers) (le gouvernement britannique et la fédération agricole NFU défendant avec acharnement la suppression des quotas laitiers). Au salon anglais de l'agriculture « Dairy Event », David Handley de l’organisation Farmers for Action a envoyé un message où il soutenait les membres de l’EMB.
Malgré la hausse des indicateurs de prix sur le marché mondial, des prix pour la crème et des prix journaliers du lait et malgré la baisse du cours de la Livre sterling, nombreux sont les industriels qui essaient encore de baisser les prix payés aux producteurs. Selon les derniers chiffres officiels, le prix moyen du lait payé aux producteurs était au Royaume-Uni (en août) de 23,26 penny par litre et en Grande-Bretagne (le R.U sans l’Irlande du Nord) de 24,03 penny par litre.

Doris Robertson, Dairy Farmers of Scotland (DFOS)

 

Si vous ne soulevez pas de poussière, vous en mangerez


Interview : Koos Pienaar, vice-président de la fédération laitière d’Afrique du Sud et de l’Est (ESADA)

Monsieur Pienaar, vous vous êtes rendus à Bruxelles en qualité de représentant de l’organisation africaine ESADA pour vous faire une idée du marché laitier européen. Quelle est votre impression ?

Je suis très surpris. Je ne m’attendais pas à ce que la situation des producteurs laitiers soit si grave. Je pensais que nous étions les seuls, nous les producteurs laitiers étrangers, à souffrir de la politique de l’UE, à souffrir des subventions à l’exportation. Ici aussi, les producteurs laitiers vont très mal alors qu’ils ne reçoivent même pas ces fonds d’aide qui nous portent tant préjudice à nous hors d’Europe. La politique européenne n’entreprend apparemment rien qui soit en mesure de débloquer la situation pour vos éleveurs. Mais les producteurs laitiers ne peuvent pas non plus croire que cela va se faire comme ça. Nous avons chez nous un proverbe qui dit « If you don´t make dust - you will eat dust » : Si vous ne soulevez pas de poussière, vous en mangerez. Les éleveurs doivent ici se prendre eux-mêmes en main et gagner en force. Et cela ne vaut pas seulement pour l’Europe.

J’ai beaucoup voyagé des derniers jours et ai parlé avec beaucoup de gens. Si ça continue ainsi chez vous en Europe, ce paysage, ce patrimoine auront bientôt quasiment disparu. Ce sont les éleveurs qui ont marqué de leur empreinte le paysage, le patrimoine et les traditions. Ils remplissent tant de fonctions importantes dans la société. S’ils n’existent plus, la société aura beaucoup perdu.


Comment est la situation chez vous en Afrique du Sud ?

Les subventions à l’exportation de l’UE nous portent un grand préjudice. La déclaration de la Commissaire Mariann Fischer Boel comme quoi elles ne seraient pas assez élevées pour nous nuire n’est pas la réalité. Regardez l’économie de l’Afrique du Sud. Elle n’est en aucun cas comparable à celle de l’UE ou des États-Unis. Pour nous comme pour beaucoup d’autres pays, les subventions à l’exportation sont suffisamment élevées pour casser les prix.


Dans votre pays, quelle relation ont les producteurs laitiers avec la politique, les laiteries et la distribution ?

En Afrique du Sud. la politique est peu impliquée dans le marché laitier. Il n’existe aucune subvention etc.. Il y a seulement quelques taxes d’importation mais celles-ci sont importantes aussi pour protéger au moins un peu nos propres produits. Nous-mêmes, nous nous efforçons d’entretenir une bonne relation avec nos représentants politiques.

La relation que nous avons avec les laiteries change car nous sommes en train de perdre nos possibilités de contrôle. Il y a de moins en moins de laiteries coopératives. Les producteurs laitiers ne sont plus souvent que des détenteurs de parts. La situation n’est pas facile car quatre grosses laiteries internationales dominent environ 60 pour cent du marché et en raison de contrats d’exclusivité signés avec la distribution, les produits des petites laiteries nationales et surtout régionales obtiennent peu ou aucune place dans les rayons des supermarchés.

La distribution elle-même voudrait proposer le lait le meilleur marché possible et exerce sur nous une forte pression des prix.


Les problèmes en Afrique du Sud et en Europe sont donc similaires. Quelles conséquences faut-il en tirer ?

C’est clair : travailler ensemble. Mais il faut regarder bien plus loin, non seulement en Afrique du Sud et en Europe. Nous avons beaucoup en commun avec tous les producteurs laitiers à travers le monde. L’influence des entreprises multinationales est très importante et il nous faut agir ensemble contre cette pression. Plus nous travaillons ensemble, mieux sera notre position vis-à-vis de ces entreprises. Une table ronde avec les associations de producteurs laitiers du monde entier serait un bon début. Le mieux serait qu’il y ait une régulation de l’offre dans le monde entier. Mais il faut être réaliste. C’est quasiment irréalisable à l’échelle globale.

Nous pouvons cependant nous-mêmes faire quelque chose. Nous ne faisons pas assez pour impliquer les consommateurs. Nous devrions mieux leur faire comprendre qu’en préférant les produits d’importation, ils ne rendent pas service aux producteurs laitiers de leur pays et encore moins à eux-mêmes. D’abord, cela entraîne une perte d’emploi dans leur propre pays et crée également des problèmes en cas de pénuries régionales ou globales. Un pays qui dépend fortement de l'importation ne pourra pas compenser un manque en denrées alimentaires puisque sa propre production a fini par baisser. La fédération BDM, l’EMB, toutes les fédérations laitières devraient donc mieux informer les consommateurs.


Monsieur Pienaar, nous vous remercions de cet entretien.


Silvia Däberitz, European Milk Board

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