MILK-NEWS

http://www.europeanmilkboard.org

Chers amis producteurs et productrices de lait, chers sympathisants,

Le mois d’octobre a été particulièrement riche en actualité pour le secteur laitier européen. A Bruxelles, les discussions se sont intensifiées autour de la nouvelle Commission européenne et du Brexit. 

Pour le moment, un Brexit sans accord à la fin du mois d’octobre a pu être évité avec la perspective d’une extension et d’un possible nouvel accord entre le gouvernement britannique et l’UE. Néanmoins, l’incertitude pèse toujours sur les agriculteurs car les dirigeants n’ont fait que repousser le Brexit au début 2020. Dans l’intervalle, la nouvelle Commission européenne prend forme et la plupart de ses commissaires ont été confirmés. Toutefois, trois postes de commissaires doivent encore être pourvus, ce qui retardera d’au moins un mois, jusqu’à décembre, le passage de témoin avec la Commission sortante.

La 6e Conférence internationale du lait équitable a réuni la communauté des éleveurs laitiers le 12 octobre à Libramont, en Belgique. Le lait équitable - Fairebel Belgique y a aussi célébré ses 10 ans d’existence. Pendant la conférence, des pays de lait équitable d’Europe et d’Afrique ont présenté leurs succès et leurs projets pour l’avenir. Des représentants de quatre autres pays africains étaient également présents et ont évoqué leurs aspirations communes avec leurs homologues européens. Afin de souligner le travail de l’EMB sur la coopération UE-Afrique, nous avons interviewé dans ce numéro Maria Arena, eurodéputée et membre des délégations pour l’Afrique et les pays ACP. C’est la première d’une série d’interviews menées par l’EMB avec des députés au Parlement européen.

Il y a des nouvelles de différents pays concernant leurs marchés laitiers respectifs et les politiques publiques. En Irlande, les éleveurs ont rejeté le nouveau budget gouvernemental pour 2020 qui occulte les effets imminents qu’un Brexit dur ou sans accord auront sur le secteur. La Lettonie a publié ses derniers chiffres sur le secteur laitier : les volumes produits sont stables mais le cheptel et le nombre de troupeaux se réduisent et les prix du lait restent bas. L’EMB a également publié ses derniers chiffres pour le secteur laitier allemand ; les prix n’y couvraient que 77 % des coûts de production.

Je vous souhaite une bonne lecture du numéro de novembre de la lettre d’information de l’EMB.

Pat McCormack, président de l’Irish Creamery Milk Supplier Association (ICMSA)

Grèves européennes du lait : des millions de litres de lait et des milliers de tracteurs

Newsletterbild
© EMB

En 2008 et 2009, pleins de courage mais le cœur lourd, des producteurs de lait ont ouvert leurs cuves de lait et ont fait savoir au monde à quel point ils étaient sous-payés.

 

Ciney, le 16/09/2019 : Pendant tout le week-end et ce lundi, de nombreux événements en France et en Belgique ont rappelé les grandes grèves européennes du lait des années 2008 et 2009. Cet épisode, qui a vu les agriculteurs européens cesser de livrer leur lait, a donné aux producteurs de lait une voix politique importante. Pas un murmure provenant de quelques individus, mais une voix puissante qui a rendu clairement audibles les revendications essentielles de nombreux éleveurs laitiers européens. Une voix qui n’a certes pas encore pu mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires, mais qui a su formuler des propositions concrètes pour le secteur. Et qui a engrangé des succès politiques importants, notamment en 2016 avec la mise en œuvre du programme européen de réduction volontaire de la production.

Ce week-end, en France, les participants à la grève de 2009, venus de toute l'Europe, ont donné le coup d'envoi. Lors d'un grand festival en Normandie, ils ont fièrement commémoré les actions fortes d'il y a dix ans. Boris Gondouin, membre du conseil d'administration de l'APLI et de l'European Milk Board (EMB), a déclaré : « Ce week-end nous sommes ici en Normandie, en France, pour les dix ans de la grève du lait. C'était quelque chose de magique, mais aussi de très dur et que je ne souhaite vraiment à personne. Mais c’était indispensable. Et cela a montré à tout le monde – aux responsables politiques, aux consommateurs, aux autres agriculteurs – qu’on peut être solidaires. Et à un moment donné, quand on n’est plus d’accord avec le prix du lait, on ne pouvait plus livrer de lait, et cela à l’échelle européenne. »

Les représentants européens des producteurs de lait se sont ensuite rendus à Ciney, en Belgique, pour assister à la grande action de ce jour, avec 1000 tracteurs. Tout comme il y a 10 ans, lorsque trois millions de litres de lait avaient été épandus dans les champs, aujourd'hui des producteurs de lait de toute l'Europe se sont rassemblés ici avec des tracteurs pour manifester contre les prix du lait encore injustes, qui ne couvrent pas les coûts de production. Ils sont rejoints par de nombreux agriculteurs d'autres secteurs agricoles qui manifestent également contre l'actuelle politique agricole injuste et peu durable.

Pour Erwin Schöpges, président de l’EMB et producteur de lait belge, ces grèves représentent un moment historique important pour les producteurs laitiers en Belgique et dans les autres pays. « Une solidarité unique en son genre est née à ce moment-là entre les producteurs de lait et les consommateurs. Il n’y avait jamais eu d’action de ce type auparavant et nous pouvons en être fiers. » Sieta van Keimpema, vice-présidente de l'EMB, s'adresse à la génération actuelle des producteurs laitiers : « Regardez ce qui s'est passé sur votre exploitation depuis 10 à 20 ans. Examinez votre revenu, la situation de votre famille, vos heures de travail et votre vie sociale. Si vous voyez que votre vie ne s'est pas améliorée, même si vous avez tant travaillé, joignez-vous aux agriculteurs qui veulent changer quelque chose. Cela est dans votre intérêt, qui correspond également à l'intérêt de nombreux autres agriculteurs internationaux. Se battre ensemble est la seule façon d'améliorer la situation et de lutter contre la disparition des exploitations que nous connaissons depuis des années. Lève-toi, le producteur de lait ! »

Des progrès ont été accomplis dans le secteur laitier au cours des onze dernières années. Mais on voit aussi ce qui arrive quand on ne réagit pas suffisamment : après la grève, le prix du lait continue de connaître des chutes spectaculaires. Les exploitations familiales continuent de disparaître, alors que nous connaissons bien l’importance de ces structures familiales, aussi bien du point de vue social que pour le climat. La politique laitière européenne a impérativement besoin d’un instrument de gestion de crise comme le Programme de responsabilisation face au marché – un instrument capable d’empêcher les chutes des prix, afin que la production laitière ne soit plus synonyme de travail à perte. Afin que l’agriculture offre à nouveau des perspectives aux agriculteurs et, surtout, aux jeunes. C’est pour cela que les producteurs de lait se sont battus dès 2008 et 2009 au cours de la grève du lait et qu’ils continuent de lutter encore aujourd’hui.

 

Dans de nombreux pays européens, les participants à la grève du lait se souviennent des événements de l’époque et de leur importance pour le mouvement des producteurs de lait en Europe aujourd’hui

 

France : Sylvain Louis, président de l’APLI Nationale

2009 a mené à une prise de conscience pour les éleveurs laitiers que leur production était leur propriété, qu’ils pouvaient épandre leur lait pour dénoncer l’insuffisance du prix d’achat. Un nouveau vocabulaire naissait pour eux : parler de coûts de production, de prix rémunérateurs, de salaires décents, de régulation de la production. Un combat restait à mener pour les années suivantes sans garantie de victoire – mais ne pas se battre, c’était déjà avoir perdu la bataille !

 

Allemagne : Stefan Mann, président du BDM

Ce qui semblait impossible devenait envisageable. Nous nous souvenons tous avec fierté de ces actions organisées, il y a 10 et 11 ans, par nous, les éleveurs laitiers. Fin mai 2008, notre président de l’époque, Romuald Schaber, déclara à Freising, devant 15 000 agriculteurs réunis qui attendaient son signal, qu’il interromprait dès cet instant ses livraisons de lait. C’était le début de neuf jours de mobilisation sans précédent, d’émotions fortes et d’une perplexité croissante du côté de l’industrie laitière. Nous nous sommes tous dépassés, le sommeil était rare. En plus de l’interruption des livraisons de lait, l’arrêt des flux de lait en provenance des autres pays de l’UE a représenté une tâche particulièrement éprouvante pour les militants engagés dans toutes les régions.

La deuxième phase active des manifestations a eu lieu un an plus tard, à l’automne 2009. Cette fois-ci, elle n’avait pas été déclenchée par nous, en Allemagne, mais par nos amis des pays voisins. Les images devinrent encore plus fortes : souvenez-vous de la grande action d'épandage à Ciney, en Belgique.

Sans ces phases actives des manifestations des éleveurs laitiers, on ne parlerait plus aujourd’hui de la problématique du lait. Il n’y aurait pas de Paquet lait, pas de discussion sur la restructuration future du marché du lait, pas d’enquête sur le secteur laitier par l’Office fédéral allemand de lutte contre les cartels, pas de décisions novatrices de la commission agricole du Parlement européen, on ne débattrait pas d’un élevage laitier économiquement durable ou de bien d’autres sujets.

Nous voulons poursuivre ce que nous avons lancé dans les années 2008/2009, avec nos arguments irréfutables et avec une persévérance que peu auraient imaginée possible. Nous devons toutefois rester prêts à mettre à nouveau à profit la puissance des actions publiques.

 

Italie : Roberto Cavaliere, membre du Comité directeur de l’EMB et président de l’association italienne APL della Pianura Padana

Nous avons lutté ensemble pour un prix équitable. La grève du lait de l’époque était notre réponse à une politique laitière européenne ratée. Nous avons donc arrêté de produire afin d’exiger des règles plus justes pour le marché du lait.

 

Luxembourg : association des producteurs de lait LDB

De nombreux agriculteurs luxembourgeois étaient très motivés et se sont joints à la grève. Beaucoup ont déversé leur lait dans leur ferme et se sont rendus en ville, avec du lait dans la citerne à lisier, en direction du Ministère d’État de Jean-Claude Juncker. La solidarité de la population envers les éleveurs laitiers était aussi impressionnante que celle entre les producteurs de lait eux-mêmes. Beaucoup étaient prêts à changer leurs habitudes d’achat et à consommer de manière plus responsable. Cela perdure encore au Luxembourg : les consommateurs veulent des produits régionaux et de saison. Dans l’ensemble, les éleveurs laitiers ont fait changer beaucoup de choses il y a 10 et 11 ans. Ce qui m’a impressionné, c’est de voir autant de personnes dans toute l’Europe unir leurs forces.

 

Pays-Bas : Sieta van Keimpema, membre du conseil d’administration de l’EMB et présidente du DDB

Nous avons été très déçus par la résistance des coopératives contre leurs propres producteurs. Toutefois, la solidarité entre les producteurs participants était impressionnante.

 

Autriche : Ernst Halbmayr, chef du projet du lait équitable A faire Milch

J’étais présent en juin 2008 lorsque des milliers d’agriculteurs rassemblés dans un champ en Allemagne, à Freising, ont entendu les mots de Romuald Schaber : « Dès demain, je ne livrerai plus de lait. » En Autriche, nous avions convoqué une réunion de notre comité directeur et nous avons décidé de nous joindre immédiatement au mouvement. Pour beaucoup d'entre nous, c’était sans doute la période la plus émotionnelle et bouleversante de leur vie de producteur de lait. Il est difficile pour qui n’était pas présent de se représenter à quel point ce moment était exaltant. Aujourd’hui, chacun se souvient bien de ses réactions et chacun a sa propre histoire.

 

Suisse : Werner Locher, secrétaire de BIG-M

La grève du lait en Europe fut une démonstration éclatante de la solidarité entre les agriculteurs. Avec ces différentes actions, nous avons réussi à sensibiliser l’opinion publique à la situation délétère sur le marché du lait. Malheureusement, les conditions cadres n’ont pas fondamentalement changé depuis. Nous avons encore besoin de l’EMB ! Nous, les Suisses, sommes fiers d’appartenir à ce formidable mouvement européen qu’est l’EMB.

 

Une voix dont de nombreux producteurs de lait auraient souhaité qu’elle puisse engranger encore davantage de succès.

Communiqué de presse de l'EMB du 16 septembre 2019

Photos de l'action à Ciney

Quoi de neuf à la Commission européenne et au Parlement européen ?

Newsletterbild
© wikimedia commons

Ursula von der Leyen, la future présidente de la Commission européenne, entend restructurer les compétences des postes clés au sein de la Commission. Elle a également présenté la liste complète de tous les commissaires désignés. 

 

Les nouveaux eurodéputés auditionnent actuellement tous les candidats et décident s’ils approuvent leur nomination ou s’ils souhaitent demander à la présidente de la Commission de proposer de nouveaux noms. Dans l’intervalle, le Parlement européen a d’ores et déjà décidé de poursuivre la révision de la Politique agricole commune en s’appuyant sur le travail accompli au cours de la législature précédente.

 

La nouvelle Commission européenne

Ursula von der Leyen a été confirmée par le Parlement européen pour succéder à Jean-Claude Juncker en tant que présidente de la Commission européenne pour les cinq prochaines années, à partir du mois de novembre de cette année. Le 9 septembre, elle a rendu publique sa liste de 26 commissaires et vice-présidents appelés à diriger les différents services de cette importante institution européenne. Pour le moment, la nouvelle Commission s’annonce plus diverse politiquement que l’équipe Juncker, avec moins de chrétiens-démocrates et davantage de sociaux-démocrates, de libéraux et de verts (comparaison ici).

 

La Direction générale de l’Agriculture a été attribuée au polonais Janusz Wojciechowski. Il appartient au groupe des Conservateurs et Réformistes européens et a précédemment siégé au Parlement européen dans la commission Agriculture. Il travaille actuellement à la Cour des comptes européenne. Dans la lettre de mission qu’elle a adressée à M. Wojciechowski, la nouvelle présidente de la Commission lui a demandé de mener à leur terme les négociations sur la nouvelle Politique agricole commune afin de promouvoir une agriculture durable et de renforcer les indicateurs géographiques.

 

Phil Hogan, l’actuel commissaire irlandais à l’Agriculture, a été nommé à la tête de la Direction générale du commerce. Sa mission consistera à mener la réforme de l’Organisation mondiale du commerce, à mettre en œuvre un partenariat commercial « équilibré et mutuellement bénéfique » avec les États-Unis, à établir un accord d’investissement avec la Chine, et à œuvrer pour le « libre-échange de continent à continent entre l’Afrique et l’UE ».

La nouvelle présidente a également procédé à un profond remaniement de la structure et du fonctionnement de la Commission européenne. Frans Timmermans s’est vu proposer le nouveau poste important de vice-président exécutif en charge du Green Deal européen. Ce socialiste néerlandais est pressenti pour diriger les services d’action climatique de l’UE avec pour tâche principale « d’ancrer dans la législation l’objectif de neutralité climatique à l’horizon 2050 ». Il s’est aussi vu confier la responsabilité du travail de la Commission sur la protection de la biodiversité, sur une stratégie pour une alimentation durable « de la ferme à l’assiette » et sur la réduction de la pollution dans l’UE. Le commissaire à l’agriculture dépendra directement du vice-président exécutif.

 

Le nouveau Parlement européen se met au travail

Le Parlement européen auditionnera tous les commissaires et les vice-présidents au cours des deux premières semaines d’octobre et se prononcera par vote sur leur nomination. Plusieurs commissaires désignés risquent d’être rejetés, en particulier le commissaire désigné à l’agriculture, M. Wojciechowski, en raison d’une enquête en cours de l’OLAF, l’Office européen de lutte antifraude, pour détournement de fonds.

En septembre, la commission Agriculture du Parlement européen a décidé de poursuivre la révision de la Politique agricole commune sur la base du travail accompli au cours de la législature précédente. Ces prochains mois, les groupes politiques devront travailler sur des compromis et les soumettre à un vote avant la fin de l’année. L’EMB rencontre depuis plusieurs semaines les nouveaux eurodéputés et souligne l’importance de soutenir un instrument de gestion de crise qui permette de prévoir et d’éviter les crises sur le marché du lait.

Nicolas de la Vega, EMB

Suisse : manifestation pour un marché du lait équitable et transparent devant le siège d'Emmi

Newsletterbild
© Uniterre

Le 17 septembre, l'association Uniterre a manifesté pour une politique laitière équitable devant Emmi, le plus grand transformateur laitier suisse. Dans leur action, les producteurs suisses ont également manifesté leur solidarité avec leurs collègues européens à l'occasion des grèves du lait il y a dix/onze ans.

 

Le soi-disant "tapis vert", a été introduit cette année et devrait garantir une hausse du prix du lait de trois centimes suisses par litre. Le prix indicatif a été relevé à 71 cts/l ! Qu'en est-il chez les producteurs ? Nous demandons que ce prix ait valeur départ ferme pour le segment A et qu'il soit appliqué immédiatement ! Nous refusons la baisse de prix annoncée par Emmi !

  • Par ailleurs nous voulons que les livraisons des segments B et C soient volontaires et sans incidence sur le volume du segment A !
  • Nous exigeons que les contrats laitiers comprennent des dispositions claires (en kg) sur les quantités attribuées aux segments du marché laitier pour une durée d'au moins trois mois !
  • Nous exigeons de la part de la Confédération que les primes à la transformation fromagère soient payées aux producteurs comme l'exige la loi !
  • En ce temps de luttes pour une limitation du changement climatique, où tous aiment parler de développement durable, nous affirmons le fait qu'il n'y aura aucun "tapis vert", aucune production durable sans une rémunération qui paye équitablement le travail paysan !

 

Emmi a engrangé 700 millions de francs suisses de bénéfices durant les cinq dernières années. Le chef d'Emmi a gagné CHF 1.421.000 en 2017. Pour leur part, Coop et Migros ont réalisé un bénéfice de 473 respectivement 475 millions de francs en 2018. Ces chiffres montrent que pour certains il ne s'agit pas d'un tapis vert mais d'un tapis rouge. Ceci alors que les producteurs livrant à Emmi touchent 50 cts/l. Il est temps d'exiger une répartition juste de la plus-value engrangée. Car la production alimentaire n'est pas une activité déficitaire, elle est indispensable et elle produit de la richesse ! Le seul hic c'est que cette richesse n'arrive pas chez les paysans et les paysannes.

Hier, des milliers de paysans ont manifesté, dix années après la révolte paysanne et la grève du lait en France, pour un avenir pour la production laitière et un changement des politiques agricoles ! Nous sommes solidaires de la lutte de nos collègues et appelons la politique d'agir enfin dans l'intérêt public et d'améliorer la position des paysannes, des paysans ainsi que des consommatrices et consommateurs dans un marché dominé par l'industrie et la grande distribution. Une agriculture vivante, paysanne, durable et locale, de la transparence sur le marché ainsi que des circuits courts répondent aux défis actuels et correspondent à l'intérêt public. Il est temps d'agir !

Communiqué de presse d’Uniterre du 17 septembre 2019

Lancement de la gamme de lait équitable Faireswiss

Newsletterbild
© Uniterre

La Société coopérative lait équitable a lancé le lait équitable Faireswiss, assurant une rémunération des producteurs et productrices à hauteur d'un franc le litre. Du lait UHT entier et cinq fromages à pâte molle sont disponibles dans tous les magasins Manor Food de Suisse, à savoir 31 magasins.

 

Le prix payé aux producteurs et productrices de lait fait débat depuis des années. Il est, en effet, très inférieur aux coûts de production, estimés à un franc par litre. Avec Faireswiss, des produits laitiers basés sur une rémunération des producteurs et productrices à ce tarif sont maintenant proposés à large échelle dans la grande distribution. Il s’agit d’une avancée importante qui permet aux consommateurs et consommatrices de s’engager pour un commerce équitable au sein du pays.

La gamme du lait équitable Faireswiss était lancée le 23 septembre dans les 31 magasins Manor de Suisse. Il s’agit d’une brique de lait Tetra Edge UHT entier (3,5% MG), provenant du transformateur Cremo. Mais aussi cinq fromages à pâte molle de la fromagerie Grand Pré à Moudon : le Brie de Moudon, le Bourg-Mignon, le Cœur de Moudon, le St-Etienne et le Reblochon.

L’événement de lancement officiel a été organisé ce jour dans les locaux de Cremo, au Mont-sur-Lausanne, en présence des coopérateurs et coopératrices de la coopérative du lait équitable, de Manor ainsi que du président de l’European Milk Board (EMB), Erwin Schöpges. Ce dernier a présenté la famille des laits équitables existant en Europe, sous l’égide de l’EMB.

 

Le projet Faireswiss ?

La marque Faireswiss appartient aux producteurs et productrices et leur permet de toucher un revenu décent. Un projet qui rémunère équitablement les producteurs et productrices de lait, c’est à dire à un prix qui couvre les coûts de production, à savoir un franc par litre, soit 30% de plus que le prix payé actuellement. La rémunération auprès des coopérateurs et coopératrices se fera par une rétribution de 35 centimes par litre de lait pour chaque producteur/coopérateur et productrice/coopératrice de lait de centrale. A ce jour, 14 producteurs et productrices de lait se sont engagés dans la coopérative du lait équitable, au moyen de parts sociales calculées en fonction de leur litrage. Ce projet est à destination de tous.te.s les producteurs et productrices de lait Suisse.

Les producteurs et productrices de lait de Faireswiss sont engagés dans au minimum deux des trois programmes fédéraux de durabilité́ et respectent des prestations écologiques.

Pour plus de renseignements sur le projet, https://www.faireswiss.ch/fr et www.europeanmilkboard.org

 

Extrait du communiqué de presse de la Société coopérative lait équitable du 23 septembre 2019

« L'échange marchand peut produire de la richesse, mais il ne produit pas de solidarité »

Newsletterbild
© Frédéric Farah

Interview avec l'économiste Frédéric Farah à propos des accords de libre-échange

Frédéric Farah est professeur de sciences économiques et sociales, chercheur affilié au Laboratoire PHARE de la Sorbonne et chargé de cours à Paris Sorbonne Nouvelle. Il est l'auteur avec Thomas Porcher de « TAFTA : l'accord du plus fort » et de « Introduction inquiète à la Macron-économie ». Nous avons eu le plaisir de lui poser quelques questions.

 

Monsieur Farah, quelles évolutions constatez-vous dans les accords de libre-échange au cours des dernières années ?

Depuis la feuille de route de la Commission européenne en 2006, l'Union européenne promeut toute une série de traités de libre-échange dits de deuxième génération, que je trouve assez préoccupants. Contrairement aux traités de première génération, qui étaient des traités où il s'agissait de lever des barrières douanières, aujourd'hui, comme on dit en langage économiste, ce sont aussi des traités « derrière la frontière », c.à.d. qui vont affecter les normes sanitaires, phytosanitaires et techniques. Ceci avec une tentative de rapprochement de normes, notamment sur base du principe de reconnaissance mutuelle. Et cela touche aussi à la question de l'accès aux services publics, que l'Europe dit préserver. Cependant, l'Union européenne elle-même ne s'entend pas pour savoir ce qu'est un service public. Cela pose la question de ce qu'on protège si on ne sait pas définir la notion qui est censée être protégée.

En outre, il est très difficile de suivre ces accords. C'est ça qui me fait peur. C'est à dire qu'on sait les signer, mais on ne sait pas les suivre. Ces accords soulèvent donc de nombreuses questions.

 

Qui est en faveur de ces accords ?

Des gagnants, il y en aura. Évidemment les géants de l'agroalimentaire, par exemple, peuvent gagner. Mais après il faut se poser la question, au-delà des masses économiques, quel modèle agricole on veut. Quel modèle économique nous voulons. Est-ce qu'on veut, pour prendre l'exemple français, la ferme des mille vaches ou veut-on autre chose ?

Mais généralement, même d'un point de vue économique, les gains seront très petits. Ils seront visibles dans le temps et finalement ne seront pas majeurs. De plus, en termes de normes, les économistes sont incapables de dire, par exemple, si demain vous faites la même norme pour un certain produit, disons entre l'Europe et les États-Unis, combien ça va se traduire en emplois en plus.

 

Selon vous, quel est le problème majeur de ces accords ?

Par ces accords, on va exposer la filière bovine, laitière, agricole de manière générale, à des chocs de concurrence qui vont être assez dévastateurs. En effet, en Europe, on est toujours dans une logique de plus en plus concurrentielle, de plus en plus pro marché et de moins en moins solidaire. En effet, ce genre de traités – et c'est pour cela que ça m'inquiète – vont exacerber les logiques de concurrence entre les nations, c'est à dire qu'on reste dans un « sauve qui peut » si vous voulez. En fait, l'affaire est toujours économique. Et j'ai beau être économiste, je sais bien une chose : c'est que l'échange marchand peut produire de la richesse, mais il ne produit pas de solidarité.

Ce qui est inquiétant aussi c'est que si on veut faire une production plus écologiquement responsable, moins productiviste, plus soucieuse des déséquilibres mondiaux naturels, choisir le libre-échange, avec ces grands accords, c'est rendre la chose impossible. On fabrique donc des modèles économiques qui vont pousser au productivisme agricole, à la désorganisation de filières, à la disparition de petites exploitations, pour faire face à une concurrence de plus en plus déloyale. En fait, aujourd'hui, l'Union européenne, par la promotion du libre-échange, par cette idéologie que j'appelle le compétitivisme, au lieu d'être un rempart aux travers de la mondialisation, elle en est le pire des relais. C'est ça le problème.

 

Monsieur Farah, nous vous remercions de nous avoir accordé cet entretien.

 Astrid Sauvage et Silvia Däberitz, European Milk Board (EMB)

Comparatif des prix du lait de l’EMB : Peu d'évolution des prix du lait malgré une baisse de la collecte de lait

Newsletterbild
© wikimedia commons

Bien que la collecte de lait ait diminué au cours des derniers mois dans un grand nombre des 28 pays de l’UE, la comparaison des prix du lait de l’EMB montre que cette baisse se reflète peu dans les recettes des producteurs de lait, sauf en France. Les prix du lait n’ont pas beaucoup bougé au cours des derniers mois.

 

Au mois d’août, les prix allemands disponibles oscillaient seulement entre 30,87 et 30,02 centimes par kilogramme et les prix aux Pays-Bas entre 30,04 et 30,70 centimes. Le volume de lait livré au premier semestre 2019 était en baisse de 0,7 % par rapport à l’année précédente en Allemagne, et même de 1,5 % aux Pays-Bas.

À l’opposé, les prix au producteur en France ont connu des écarts importants au mois d’août. Ils variaient entre 34,26 et 40,63 centimes.

En mai, les producteurs de lait irlandais se sont vus verser à peine 30,14 centimes, mais ce n’était plus que 28,95 centimes par kilogramme en août. D’après des données de l’UE, les livraisons de lait en Irlande ont enregistré une hausse de 10 %, soit 34 000 tonnes, par rapport à l’année précédente.

Au mois d’août, les prix de la comparaison des prix du lait de l’EMB s’établissaient à 28,80 centimes en Autriche et à 40,63 centimes en France.

Comparatif des prix du lait de l'EMB jusqu'à août 2019

 

Le comparatif des prix du lait de l'EMB cherche à garantir une meilleure comparabilité des prix au producteur en Europe. Le schéma de calcul actualisé indique désormais le prix au producteur avec et sans les suppléments et les rabais spécifiques aux laiteries. La valeur standard a été fixée à 4 % de matière grasse et 3,4 % de protéine. Les décomptes mensuels sont aussi corrigés en continu pour tenir compte des arriérés de paiement.

Karin Jürgens, BAL

Invitation à la 6e Conférence internationale du lait équitable

Newsletterbild
@ Faircoop

Avec la coopérative belge Faircoop, l’European Milk Board organise la 6e Conférence internationale du lait équitable. Nous vous invitons à nous rejoindre le samedi 12 octobre 2019 à Libramont, en Belgique, lorsque les producteurs d'Europe et d'Afrique se réuniront pour célébrer ensemble les projets de lait équitable des deux continents.

 

L’année 2006 a vu le lancement d’une marque européenne de lait créée par les producteurs de lait eux-mêmes. Désormais il est possible d’acheter et de savourer du « lait équitable » en Belgique, en Allemagne, en France, en Italie, au Luxembourg, en Autriche et en Suisse. Cette initiative s’étend même au-delà du continent européen et a été lancée avec succès au Burkina Faso.

Cela fait exactement 10 ans que des producteurs de lait belges ont lancé leur propre marque, « Fairebel – le lait équitable ». Certes, cette marque assure aux agriculteurs des prix rémunérateurs, mais elle représente encore davantage : le développement durable, par exemple. En effet, un prix équitable permet de produire et de gérer les terres de manière durable, ainsi que de préserver les exploitations familiales. Ou encore la solidarité et l’action commune. Les producteurs de lait ont pris leur destin en main et s’efforcent de manière constructive de changer les conditions qui prévalent dans le secteur. Les consommateurs font eux aussi preuve de solidarité en achetant des produits à base de lait équitable et soutiennent ainsi les agriculteurs.

Des producteurs de lait d’Europe et d’Afrique seront heureux de vous présenter leurs projets et de dialoguer avec vous le 12 octobre. La remise de la « Faironika en or » constitue le temps fort de la conférence. Ce prix récompense les responsables politiques, agriculteurs et acteurs de la société civile qui s’engagent de manière notable pour une amélioration des conditions dans le secteur laitier et pour une production laitière durable.

Si vous souhaitez participer, veuillez confirmer votre participation par e-mail à office@europeanmilkboard.org ou par téléphone au +32 2 808 1935.

Les langues de la conférence sont le français, l'allemand et le néerlandais.

 

De délicieuses recettes à préparer sans plus attendre

Lors de la Conférence du lait équitable, l'édition internationale du livre « Cuisine d’Antan » sera présenté pour la première fois. Pendant trois ans, Berthe Elsen-Melkert a rassemblé et pris le soin de cuisiner de délicieuses recettes de lait équitable de sept pays européens. Attendez-vous à des plats tels que le gâteau belge aux oignons et au fromage à pâte molle, l’émincé de veau à la zurichoise avec röstis ou le Kaiserschmarrn autrichien. Toute personne intéressée peut prendre contact avec Fredy de Martines de la coopérative luxembourgeoise Fairkoperativ à l'adresse martinef@pt.lu ou au +352 691 998 831 et commander le livre de cuisine en allemand ou en français. (Prix : 30 € pour le Luxembourg ou 31 € pour les commandes de l'étranger, frais de port inclus).

Mentions légales

European Milk Board asbl
Rue de la Loi 155
B-1040 Bruxelles
Tél: +32 2808 1935
Fax: +32 2808 8265
E-Mail: office@europeanmilkboard.org
Website: http://www.europeanmilkboard.org