Bulletin EMB Mai 2012
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European Milk Board
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Chers éleveurs, chers intéressés,
Les éleveurs irlandais se soucient de plus en plus de la direction que prend l'évolution du prix du lait en 2012. En avril, la plupart des laiteries avaient diminué le prix du lait de 3 centimes par litre et annoncent davantage de baisses pour les mois à venir. Étant donné le prix actuel du lait de 31 centimes par litre et les coûts croissants, la situation pourrait tourner au dramatique si d'autres diminutions du prix ne peuvent être évitées. Nous observons attentivement la situation dans l'Europe entière. Nous sommes très conscients que beaucoup d'autres États membres font face à une situation semblable. Les conditions météorologiques ont provoqué une augmentation considérable des coûts de production, ce qui a comme conséquence que les marchés laitiers internationaux ont subi de fortes pressions dans les derniers mois.
La fédération membre irlandaise du European Milk Board (EMB) ICMSA se bat contre la pression à la baisse du prix du lait exercée par les laiteries en Irlande. C'est pourquoi, ces deux derniers mois, le ICMSA a engagé des pourparlers avec la plupart des grandes laiteries. Notre opposition n'est pas une réaction instinctive. D'un côté, les marchés montrent manifestement certaines faiblesses, mais en même temps les entreprises de transformation du lait ont engrangé des bénéfices considérables en 2011. Nous basant sur les règles d'éthique des coopératives, notre conviction profonde est que ces gains et réserves doivent maintenant être utilisés pour soutenir le prix du lait. Pour cette raison, les organisations de producteurs de lait dans les différents pays européens se lancent dans le regroupement du lait, afin d'améliorer la destinée de leurs membres. De quelle manière ce processus est mené est un des thèmes centraux de cette édition du bulletin de l'EMB.
Le prix du lait sera un des sujets principaux dans les mois à venir, tant en Irlande que dans le reste de l'Europe. Mais la situation actuelle montre à nouveau qu'une politique clairement définie au niveau européen est primordiale pour faire face aux fluctuations de prix. C'est la prise de conscience que ces problèmes ne peuvent uniquement être résolus au niveau européen qui a amené notre fédération membre irlandaise ICMSA à s'engager au sein de l'EMB. À ce regard, l'EMB apporte la dynamique et la dimension purement laitière absolument nécessaires pour améliorer la situation et que les groupements d'intérêts en place ne saisissent pas toujours entièrement.
Je suis producteur laitier de la côte ouest de l'Irlande et à première vue il semblerait que je n'ai peut-être pas beaucoup de choses en commun avec mes collègues de la Hollande ou de la Bavière. Mais cette impression est tout à fait fausse: nous comptons beaucoup plus de points communs que de différences. Nous sommes les producteurs primaires d'une matière qui sert de base à un énorme secteur international d'une grande valeur. Mais malgré tout il semble que nous sommes le facteur le moins pris en compte au moment de décider d'une politique qui devrait nous assurer un revenu correspondant à notre travail, nos compétences et notre investissement.
Je sais que c'est le cas. Mes collègues en Hollande et en Bavière et partout en Europe le savent. Et ensemble nous allons nous battre au sein de l'EMB pour changer un système qui place les producteurs de lait en dernière position.
John Comer (Membre du comité directeur de l'EMB et Président de l'ICMSA)
Nous devons prendre les choses en main nous-mêmes!
Dans cette interview, le Président du groupement allemand des producteurs de lait MEG Milch Board, Peter Guhl, présente la nouvelle stratégie de son organisation comme réaction au paquet lait entré en vigueur récemment.
BESTE: Monsieur Guhl, quelles sont les réactions du MEG Milch Board, la plus grande organisation de producteurs de lait en Allemagne, suite aux négociations de l'UE sur le paquet lait?
GUHL: "Lors des négociations du paquet lait à Bruxelles, nous avons résolument défendu nos intérêts et, en collaboration avec l'EMB, nous avons pu soumettre un grand nombre de nos propositions. Cependant, nous sommes contrariés par les résultats du paquet lait. En soi, ils n'apportent, du moins en Allemagne, aucune nouvelle perspective pour renforcer la position des producteurs sur le marché. Alors nous pensons que le moment est venu de nous mobiliser ! Les producteurs laitiers doivent maintenant prendre les choses - et par là j'entends le lait - en main eux-mêmes."
Le point sur France MilkBoard
Depuis l’obligation de contractualisation entre producteurs laitiers et entreprises en France, France MilkBoard prend de l'importance.
La ligne principale reste de devenir une organisation indépendante et transversale. Indépendante des entreprises, mais aussi du syndicat majoritaire Français, la FNSEA, dont la défense des éleveurs n’est plus une priorité. Transversale pour éviter la dérive Suisse et la concurrence entre entreprises dont la variable d’ajustement serait inévitablement le producteur.
Coopératives : La situation des membres des Pays-Bas est pire que celle des membres d'Allemagne
Il y a quelque temps, l'avocat Oliver Schniewind avait effectué une expertise à la demande de l'organisation de producteurs de lait allemands BDM. Il y analysa la situation juridique de producteurs laitiers individuels quant à "leur" coopérative. L'organisation Dutch Dairymen Board (DDB) des Pays-Bas a soumis cette expertise à des juristes néerlandais pour qu'ils estiment si la situation juridique des producteurs de lait aux Pays-Bas est comparable et quelles auraient été les conclusions de l'expertise sur base du droit en vigueur aux Pays-Bas.
Bien que la législation des Pays-Bas est très semblable à celle en vigueur en Allemagne dans la plupart des domaines, il y a quelques différences dû auxquelles la situation juridique des membres de coopératives aux Pays-Bas est plus précaire comparée à celle de leurs collègues allemands. C'est surtout la dénommée "convention structurelle" qui limite les droits des coopérateurs aux Pays-Bas. Cette convention entre en application lorsqu'une coopérative remplit les critères suivants:
La protection sociale du monde agricole: les pays européens affichent de grandes différences
La protection sociale des agriculteurs en Europe diffère d'un pays à l'autre et est fortement influencée par des traditions et des caractéristiques propres aux différents États. Les plus grandes différences se trouvent au niveau des personnes assurées, de l'organisation, des allocations et du financement. La France, la Finlande, l'Autriche, l’Allemagne, la Grèce et la Pologne sont les seuls pays à disposer d'un système de sécurité sociale propre au secteur agricole.
Dans tous les pays avec un système de sécurité sociale spécial pour le secteur agricole, ce système existe en général parallèlement à l'assurance sociale générale ainsi qu'aux systèmes spécifiques à d'autres groupes professionnels. Les risques couverts diffèrent d'un pays à l'autre. En Allemagne, en Autriche, en France et en Pologne l'assurance sociale agricole couvre les domaines de l'assurance accident, l'assurance vieillesse et l'assurance maladie, tandis qu'en Finlande elle n'intervient seulement pour l'assurance accident et l'assurance retraite et en Grèce uniquement pour l'assurance retraite et l'assurance maladie.
Les producteurs de lait suédois descendent à la rue
Dans le cadre de la Journée internationale du lait le 1er juin, la fédération membre suédoise de l'EMB Sveriges Mjölkbönder a organisé un événement à Stockholm s'adressant en première ligne aux consommateurs et aux producteurs de lait. Des producteurs laitiers de Suède et d'autres pays européens s'étaient rendu à l'événement pour montrer leur soutien à cette journée. L'objectif de l'évènement était de montrer l'importance de la production de lait en Suède et d'attirer l'attention sur la situation alarmante dans le pays comptant de moins en moins de producteurs laitiers.
L'événement débuta à dix heures du matin. Pendant la journée, les passants pouvaient savourer un verre de lait et l'après-midi un débat eut lieu avec des responsables politiques suédois. Un des thèmes centraux du débat était la revendication de meilleures conditions pour les producteurs de lait suédois et du reste de l'Europe.
La Fédération des Producteurs Suisses de Lait confirme sa démission de l'Interprofession Suisse de la filière lait
La situation actuelle sur le marché laitier suisse se caractérise par une production record sans précédent. Les prix du lait s'effondrent rapidement et le lait excédent ne peut uniquement être écoulé sur le marché mondial sous forme de beurre et de lait en poudre. Seul au mois de mai les prix à la production ont baissé de 2,5 à 4 centimes de Franc suisse.
L'Interprofession Suisse de la filière lait (IP Lait) n'a, depuis sa création il y a trois ans, pas réussi à résoudre les problèmes du marché laitier suisse. Ceci fut finalement la raison pour laquelle la Fédération des Producteurs Suisses de Lait (PSL) a décidé de quitter l'interprofession en automne 2011. De ce fait, l'IP Lait a perdu son statut d'organisation interprofessionnelle, étant donné que plus que les premiers acheteurs de lait, les transformateurs et le commerce de détail y sont représentés.
Les coopératives : un système qui a de l'avenir?
Du 21 au 23 mars 2012, un congrès international a eu lieu à l'Université de Humboldt de Berlin sur les "Réponses coopératives à des défis mondiaux". L'objectif était d'y discuter des approches d'avenir pour la conception d'un meilleur système économique.
Vu que nous nous trouvons dans l'année internationale des coopératives, 239 participants de 56 pays se sont rendus à Berlin pour cet événement. Une des conclusions des interventions et des discussions était que les coopératives négocient des prix sur le marché qui sont supérieurs de jusqu'à 40 pourcent comparé aux prix négociés par des entreprises privées - mais ceci uniquement dans les pays en voie de développement. Dans ces pays, elles y seraient ainsi la réponse démocratique à une économie de plus en plus privatisée.
Calendrier EMB
Veuillez trouver ici quelques rendez-vous et événements importants de l'EMB en juin 2012
4./5.6.: Réunion du groupe de travail sur l’alimentation et l’agriculture de l’ATM
12.6.: Réunion du comité directeur de l’EMB à Bruxelles
13.6.: Réunion avec ECVC et FFE à Bruxelles
14.6.: Réunion avec une organisation des producteurs de lait à Riga
25.6.: Réunion du groupe consultatif sur la PAC concernant les aspects internationaux
26./27.6.: Réunion général du réseau ATM à Bruxelles
Textes Complèts
Nous devons prendre les choses en main nous-mêmes!
Dans cette interview, le Président du groupement allemand des producteurs de lait MEG Milch Board, Peter Guhl, présente la nouvelle stratégie de son organisation comme réaction au paquet lait entré en vigueur récemment.
BESTE: Monsieur Guhl, quelles sont les réactions du MEG Milch Board, la plus grande organisation de producteurs de lait en Allemagne, suite aux négociations de l'UE sur le paquet lait?
GUHL: "Lors des négociations du paquet lait à Bruxelles, nous avons résolument défendu nos intérêts et, en collaboration avec l'EMB, nous avons pu soumettre un grand nombre de nos propositions. Cependant, nous sommes contrariés par les résultats du paquet lait. En soi, ils n'apportent, du moins en Allemagne, aucune nouvelle perspective pour renforcer la position des producteurs sur le marché. Alors nous pensons que le moment est venu de nous mobiliser ! Les producteurs laitiers doivent maintenant prendre les choses - et par là j'entends le lait - en main eux-mêmes."
BESTE: Jusqu'à présent le MEG Milch Board n'avait uniquement regroupé des producteurs. Ce changement de stratégie signifie-t-il que vous comptez collecter et vendre le lait vous-mêmes à l'avenir?
GUHL: "Nous n'avons pas prévu d'acquérir une flotte de camions de lait. Notre concept est de nous charger de la négociation, de la rédaction et de la conclusion des contrats pour les producteurs de lait, en quelque sorte comme un prestataire de services.
BESTE: Cela signifie qu'il y aurait un marché et une négociation portant sur le prix avant que le niveau des laiteries n'intervienne ?
GUHL: "Exactement. Le niveau "commerce" doit entrer en jeu entre le niveau des producteurs et celui des transformateurs. C'est pour cette raison que la position du niveau "producteurs" doit être assez forte pour intervenir dans les négociations en tant que partenaire égal. Il est toujours plus facile de faire pression sur des producteurs isolés. Si c'est une organisation de producteurs qui conclut les contrats plutôt que les producteurs isolés - que ce soit avec des transformateurs privés ou une coopérative-, alors le mécanisme actuel en place ne sera plus possible. À présent, les transformateurs calculent les prix en transférant les économies de coûts aux producteurs à qui ils payent des prix plus bas.
BESTE: Dans quelle mesure, avec cette nouvelle stratégie, les coûts de production peuvent-ils entrer en jeu lors du calcul du prix ?
GUHL: "Un des objectifs retenu dans les statuts du MEG Milch Board est le calcul d'un prix de base prenant entièrement en compte les coûts complets de production et sur lequel nous pourrions nous baser lors des négociations."
BESTE: Monsieur Guhl, vous dites que la livraison de lait et la mise de fonds ne doivent pas nécessairement être liés. Comment ces deux éléments peuvent-ils être séparés tant qu'existe l'obligation de livrer le lait ?
GUHL: "Environ deux tiers des producteurs laitiers allemands sont membres de laiteries coopératives. Ceci implique deux choses. D'un côté, que les producteurs mettent des fonds propres à disposition des laiteries par une participation au capital. De l'autre, étant donné l'obligation de livrer le lait retenue dans les statuts, qu'ils ne peuvent livrer uniquement à cette laiterie. Cette obligation de livraison doit être abolie. Elle n'a rien à voir avec la concurrence libre et fragilise le renforcement de la position des producteurs grâce au regroupement - qui par ailleurs est également prévu par le paquet lait.
BESTE: Et comment imaginez-vous exactement le regroupement?
GUHL: "Le regroupement du lait cru est le devoir d'organisations de producteurs "pures". Il est important que toutes les organisations se mettent d'accord pour coordonner toutes les décisions ainsi que l'évolutions sur le marché, du moins au niveau régional (comme par exemple en Allemagne le MEG Bavière). Sans conditions contractuelles concrètes, aucun litre de lait n'est livré aux laiteries. À l'instar du MEG Bavière, de telles structures de commercialisation devraient également être crées au niveau suprarégional - donc regroupant les différents Länder allemands- pour que les différentes structures régionales n'agissent pas en concurrence les unes contre les autres.
BESTE: Quelle forme un regroupement au niveau national pourrait-il prendre en Allemagne, compte tenu des limites au regroupement imposées par le paquet lait? Y aurait-il simplement trois ou quatre Milch Board ?
GUHL: "En principe oui. Il faudrait alors réunir le travail des MEG des Länder allemands au niveau fédéral. L'idéal serait que cela aboutisse dans le MEG Milch Board Allemagne. Une seule organisation nationale risquerait cependant de créer des problèmes au niveau du droit des cartels. Le MEG fédéral ratifierait les contrats des MEG des Länder, conclurait éventuellement des contrats de ventre directe avec le commerce, effectuerait des analyses du marché etc. De même, il assurerait le contact avec une organisation interprofessionnelle européenne qui travaillerait avec une agence de surveillance, une instance de régulation des volumes de lait ainsi qu'une agence de régulation du marché. Mais nous devons être conscients d'une chose: aucune constellation ne correspondra à la situation idéale dès le début. Il s'agira plutôt d'avancées progressives. Ainsi, d'éventuels questions dans le domaine du droit des cartels ne doivent pas nécessairement être considérées comme un obstacle. Il n'est jamais trop tard de commencer avec quelque chose de nouveau!
Andrea Beste, Chargée des relations publiques du MEG Milch Board