Bulletin de l'EMB septembre/octobre 2022
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Chers amis producteurs et productrices de lait, chers sympathisants,
Le travail agricole, ce n’est pas « simplement » travailler à la ferme. Ce secteur est qualifié de primaire à juste titre car d’autres activités économiques ne seraient pas possibles sans lui. Sans agriculteurs et agricultrices, pas de fermes, et sans fermes, pas de nourriture. Les décideurs politiques semblent avoir oublié d’où viennent leurs repas. Ils prennent pour acquis les rayons et chariots des supermarchés bien remplis de nourriture abordable et de bonne qualité. Quand les agriculteurs et agricultrices jettent l’éponge faute de pouvoir gagner leur vie, c’est aussi leur savoir-faire qui est perdu. Une fois lancée, cette évolution sera très difficile, voire impossible à inverser.
Penchons-nous sur ce que nous, dans l’Union européenne, pouvons faire afin de changer le cap.
Les agriculteurs doivent poursuivre leur travail politique
Cet automne s’annonce morose pour tous, mais c’est particulièrement le cas pour les producteurs laitiers qui ont déjà beaucoup puisé dans leurs réserves énergétiques et financières ces dernières années en raison des graves crises qui se sont enchaînées. En sus du travail dans nos fermes, nous nous sommes positionnés politiquement et nous nous sommes retroussé les manches pour œuvrer à équilibrer le marché. Et il est évident que ce travail politique est et demeurera essentiel. Il est donc vital que nous, les agriculteurs et agricultrices, continuons à nous impliquer dans la sphère politique.
Les manifestations et les campagnes font partie intégrante de ce travail. Une façon efficace de lutter pour notre survie est de se regrouper, encore et toujours. Toutefois, cela est bien plus simple à dire qu’à faire, car le métier d’agriculteur étant très exigeant, il ne nous réserve que très peu de temps libre pour que nous puissions prendre ces défis à bras le corps. Nos voix ne peuvent résonner fort que si nous nous regroupons pour lutter pour un secteur agricole durable sur le plan social, économique et environnemental, y compris pour les producteurs et productrices.
Une des tâches fondamentales de l’EMB est de veiller à ce que les coûts de production soient répercutés vers ceux qui achètent le lait. L’EMB déploie également des efforts considérables afin que la durabilité sociale soit ancrée dans la Politique agricole commune et dans le Pacte vert. En parallèle, il promeut l’intégration d’un Programme de responsabilisation face au marché dans la boîte à outils de crises de l’UE. En juillet dernier, les agriculteurs et agricultrices de l’EMB et d’ECVC – deux grandes associations transnationales représentant les producteurs et productrices – ont envoyé une lettre ouverte aux institutions européennes et aux ministères nationaux appelant à des revenus stables pour les agriculteurs étant donné qu’il s’agit de la condition sine qua non pour la sécurité alimentaire dans l’UE.
Plus d’agriculteurs devraient profiter du soutien des organisations de producteurs pour leurs négociations
Si les organisations de producteurs ont continué à se développer, les producteurs et productrices ne négocient toujours pas d’égal à égal avec les transformateurs et les chaînes de supermarchés. On peut donc se demander ce que nous – chacune et chacun d’entre nous – pouvons faire afin de renforcer notre position sur le marché. Pour que les producteurs puissent prendre le dessus, il est nécessaire d’accroître leur adhésion aux organisations qui négocient, au nom de nombreux producteurs, les conditions encadrant les livraisons de lait. Ces organisations doivent avoir une structure transversale, c'est-à-dire qu'elles doivent négocier avec plusieurs transformateurs au lieu de mettre tous leurs œufs dans un même panier.
Les décideurs politiques peuvent également aider à améliorer le cadre législatif pour les organisations de producteurs en leur permettant d’élaborer et de négocier les contrats pour le lait livré aux coopératives.
Soutenir les projets de Lait équitable
L’initiative du Lait équitable permet aux producteurs et productrices d’obtenir un prix équitable pour leur lait. Ce projet aux répercussions positives envoie un message fort en France, en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, en Suisse, ainsi que sur le continent africain. Porteur d’un réel optimisme, il bénéficie d’un soutien considérable des producteurs et des consommateurs. Les agriculteurs peuvent accentuer cet impact en accordant leur soutien à ce projet essentiel.
Les décideurs politiques devraient poser les fondements afin que la vente des produits agricoles en deçà de leur coût de production soit interdite
Pour que les marchés laitiers soient stables, ils doivent être équitables. Autrement dit, les agriculteurs et agricultrices devraient obtenir un prix équitable pour leur production, c’est-à-dire un prix qui couvre non seulement leurs coûts d’exploitation, mais qui leur fournit aussi un revenu suffisant. Plus particulièrement, si l’on veut avoir et préserver une bonne relation entre les producteurs laitiers et les transformateurs, il est indispensable que la vente à un prix en deçà du coût de production soit bannie par la loi. Bien évidemment, ceci devrait s’appliquer au lait livré aux coopératives tout comme celui livré aux laiteries privées.
En lisant les articles rédigés par nos membres pour ce bulletin d’informations, vous constaterez que les prix du lait se laissent distancer par les coûts de production – et ce retard se creuse de jour en jour. À titre d’exemple, l’article d’APROLEP dans ce bulletin souligne clairement que, si les coûts de nos collègues portugais ont augmenté de 51 % depuis début 2022, l’industrie n’a augmenté le prix du lait que de 35 %. Plutôt que de se combler, l’écart entre les prix et les coûts ne fait que s’agrandir. Par ailleurs, comme l’indiquent nos collègues français dans leur article, la situation est similaire en France, avec des prix estimés à 445,50 euros la tonne, un chiffre bien en deçà du coût de production.
Les décideurs devraient exclure l’agriculture des accords de libre-échange et introduire des clauses miroir
Concernant sa politique commerciale, l’UE tient à conclure des accords de libre-échange, à l’instar de celui récemment conclu avec la Nouvelle-Zélande. Il en découle que la Nouvelle-Zélande exportera vers l’UE, parmi une série d’autres produits, plus de beurre, de poudre de lait, de fromage et de bœuf. Toutefois, l’EMB revendique l’exclusion de l’agriculture des accords de libre-échange, car ce secteur revêt une importance stratégique majeure.
En principe, les produits agricoles importés dans l’UE devraient faire l’objet des mêmes conditions et règlements que les produits européens (les clauses miroirs). En d’autres termes, les produits agricoles importés devraient être dotés de la même qualité et respecter les mêmes normes socio-écologiques auxquelles les agriculteurs européens adhèrent.
Dans cette optique, rappelons aux décideurs politiques d’où viennent leurs repas, soulignant qu’il n’est pas certain que les agriculteurs et agricultrices continueront à les nourrir dans de telles circonstances. Continuons à leur rafraîchir la mémoire sur ce qui devrait être fait pour modifier la trajectoire dangereuse sur laquelle l’UE se trouve. C’est pour cette raison qu’il est d’autant plus essentiel que nous, les agriculteurs et agricultrices, continuons à répondre à tous les niveaux, car ce ne sont pas seulement nos exploitations et nos moyens de subsistance qui sont en jeu, mais aussi la production et la sécurité alimentaire.
Roberto Cavaliere, membre du conseil d'administration de l’EMB et président de l'Associazione Produttori di Latte Pianura Padana (APL)
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